Sur le banc de Nelson Park

lectures I rencontres

La traversée d’un roman d’Hélène Bessette est une expérience intense. Elle déplace.Son audace frappe. Son humour terrible. La virtuosité de rythmes vertigineux. Son corps-à-corps d’une précision clinique avec le langage et toutes les vies qui s’y engouffrent.

Sur le banc de Nelson Park est une invitation à la découverte ou redécouverte de l’œuvre de cette autrice majeure, infiniment surprenante.

Librairies, centres culturels, théâtres, bibliothèques, médiathèques, salons, cuisines… Sur le banc de Nelson Park propose une suite de rendez-vous impromptus autour d’un livre (ou deux, ou trois) d’Hélène Bessette.

La femme est saoule.
Saoule de mots.
A n’en pouvoir plus.
——————(on augmentera les dictionnaires)

Je ne viens pas pour voir.
Ce que tout le monde peut voir.
Des lacs de larmes je n’ai rien vu le premier soir.
Je ne viens pas passer des vacances longues riviera yachting et cordiera.
Je ne vais pas planter ma tante sur la hauteur. Des glaciers lointains je ne verrai rien.
S’il pleut. Tandis que file un train.
Dans l’ombre.
Au bord des lacs de larmes. Le soir
à mon arrivée.
Dès l’arrivée.
De mes yeux couleur de pluie.
Je vois le Monde à travers son brouillard.
Le grand tourisme aux lampes mauvaises.
Ça éclaire mal.
Dans un éclairage singulier.
Je suis triste.
Voilà pourquoi.
Car peut-être il ne pleut pas. J’invente.

Et nous.
Sur le banc.
Sans journal.
Sans auto sport.
Sans lac Léman.
Sans château.
Sans pelouses sans vergers sans arbres d’ornement.
Sans travail.
Sans passeport
et
Sans argent.

Puis
Lentement
Il s’est mis à neiger.

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