18763 mots en arial 11

texte et mise en scène Anaïs de Courson
texte et mise en scène Anaïs de Courson
assistée de Grâce Miazoloh
lumière Bastien Courthieu | vidéo Louis Sébastien | son Jean-Marc Istria | scénographie Anaïs de Courson | avec Soleïma Arabi, Benjamin Bur, Anaïs Chartreau, Francine Chevalier, Florianne Commeleran, Olivia Csiky Trnka, Marion Jeanson, Audrey Liebot, Patricia Morejon, Maya Peillon, Carine Piazzi, Louis Sé.
production Aa compagnie Ahora ya avec le soutien de Lilas en Scène, de Théâtre de Verre, Théâtre de Belleville, Paris
photos Manu Turlet

J’ai écrit 18763 mots en arial 11 comme on composerait une terre dans la perspective d’un certain modelage, comme un matériau propice à une expérience théâtrale sur laquelle je rêvais.

Mener plusieurs vies sur un plateau, zoomer d’un point à l’autre d’une ville, suivre le mouvement du hasard ; observer la distance. Eprouver cette distance. Entre l’autre et soi.

Les voix se croisent comme dans le flux de la bande passante. Le mode est celui de la variation.
L’Homme, l’Ami, et l’Autre ami portent l’argument principal qui émerge des récurrences des
« inconnues ». Ces différents personnages forment un ensemble où comme pour un orchestre
« chacun est indispensable mais doit s’effacer pour faire vivre une réalité supérieure ».
Où le public jouerait comme caisse de résonnance.

vidéo-trace #2 : L’homme qui court

Il est zen quand même. Moi si j’étais lui j’appellerais les hôpitaux.
Elle est peut-être morte si ça se trouve. Ça arrive. Pas souvent mais ça arrive.
De toutes façons ya plus de pétrole, ya plus d’eau, ya plus de sable, c’est très angoissant, l’Indonésie disparaît pour vendre du sable pour faire pousser Singapour, et plein de trucs comme ça qu’on sait pas, ya plus d’ours polaires, ya plus d’abeilles, ya plus de requins, ya plus de poissons, ya plus de pêcheurs, ya plus d’argent, ya plus d’espoir, ya plus d’idéologie, ya plus de désir, ya plus rien, ya plus de gens tellement y’en a, alors l’amour, qu’est-ce que tu veux qu’il reste de l’amour ? Toi, moi, on est morts, on est un vieux résidu d’un truc qui n’existe plus, même pas en train de disparaître, ça c’est fini déjà, c’est pour ça qu’on s’accroche pas plus que ça, non juste un vieux résidu, le vieux résidu d’un truc déjà mort.
(L’Autre Ami, Séq.27)

Séquence #16. Pas Nathalie.

L’AMI : « Je m’appelle Dolores Marcha. J’ai bientôt 40 ans, deux enfants. Je suis jolie, douée, entourée, charmante. Parfois mélancolique. Un peu absente. Mon travail de traductrice me laisse beaucoup de loisir. J’aime beaucoup mes amis mais ils m’ennuient le plus souvent. Eux aussi veulent que je sois là. Je le fais pour leur faire plaisir, ou par politesse car même avec mes amis je suis polie. Ils sont contents.
J’achète beaucoup de livres. Je ne les lis pas. Mais je les regarde. Je les transporte avec moi. Parfois j’écris mon nom dessus.
Que fait Magdalena Ri? Cette annonce – un travail ? Un loisir ? Une quête personnelle ? Une lubie ? Une manie ? Une obsession malsaine ? Une curiosité déraisonnable ? Une soif ? Une blague ? Une gigantesque blague ? Une moquerie savamment orchestrée ? Et si Magdalena Ri était une sorcière ? »
Mais en fait je comprends pas. C’est qui celle qui parle ? c’est Nathalie ?

L’HOMME : Non, Nathalie c’est celle qui écrit.

L’AMI : Ah ouais. Ok. Parce que celle qui parle c’est pas Nathalie.

L’HOMME : Non je crois pas.

L’AMI : Ben non, c’est pas Nathalie. Vous avez pas d’enfants déjà.

L’HOMME : Ouais mais ça, ça peut être symbolique ; ou métaphorique.

L’AMI : Ouais. Mais en même temps je sais pas. Nathalie je la vois pas trop comme quelqu’un de métaphorique. Ou symbolique.

L’HOMME : Non mais en même temps justement. Peut être que si, tu vois. Peut être que justement c’est ça que j’ai pas su voir.

L’AMI : Ouais. Enfin en tout cas c’est pas elle dans l’histoire.

L’HOMME : Non je crois pas.

L’AMI : Ouais. C’est celle qui écrit. Ok. Ouais. Mais c’est bien en tout cas. C’est bien. C’est bien.
Allez, viens ce soir y a Eve qui chante au Paradis.

L’HOMME : Non. Il faut que j’aille voir ma grand-mère.

…des micro sensations des micro sons une sensibilité extrême à la lumière partir du rien du silence laisser l’onde enfler et se développer et courir sur ma peau du microscopique de l’infiniment petit de l’infiniment doux un frémissement…
(La Femme, Séq.44)

vidéo-trace #3 : Celle qui parle

 

Si je poursuivais l’histoire de Magdalena Ri
La femme rentre chez elle. Elle a peur de croiser quelqu’un qu’elle connaît.
Elle plaque un sourire sur ses lèvres au cas où.
Elle entre dans l’appartement vide.
Elle regarde vaguement autour d’elle.
Elle ne sait pas où s’asseoir.
Elle attend le soir.
(L’Homme, Séq.46)

vidéo-trace #1 : La femme dans le train

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